Nous nous occupons de personnes en difficulté mais qui s’inquiète de nous ?

2019-07-08  

Nous, travailleurs et travailleuses du secteur médico-social, educateur-rice-s de rue ou spécialisé-e, infirmier-e-s, salarié-e-s d’associations sociales et culturelles, aide-soignant-e-s, conseiller-e-s sociaux, aide à domicile… Nous tirons la sonnette d’alarme !

irudia

Restructuration, nouvelle organisation, management social, aménagement d’horaires et autres formulations ne sont que de jolis mots pour dire : baisse de moyens, baisse d’effectifs, augmentation du rendement, management financier, brutal et culpabilisant. Bref, faire plus avec moins dans des conditions de plus en plus précaires !

Nos fiches de postes sont modulées à outrance sans accord ou dialogue avec les salarié-e-s, dans la grande lignée de ce que permet la Loi Travail. Cela entraîne une rupture dans les suivis des usagers ou patient-e-s de nos structures respectives, casse le lien social et de confiance que nous pouvons mettre des mois à établir ! Cela crée donc des bouleversements d’un point de vu professionnel mais également personnel quant à l’organisation de notre vie privée et par voie de conséquence celle de nos proches.

Les structures sont gérées comme des entreprises marchandes : objectifs à remplir, usagers mis dans des dispositifs parfois non adaptés à leur profil pour répondre à des objectifs, temps chronométrés, quotas… Nous travaillons avec et pour des êtres humains !

Le temps consacré ou les objectifs à fixer sont variables selon les profils des usagers, parcours et besoins des personnes, on ne peut pas tout calibrer !

NON ! 7,5 minutes pour la toilette d’une personne âgées ce n’est plus possible

NON ! 15min de permanence pour un jeune en difficulté ce n’est pas assez

OUI ! Changer régulièrement d’interlocuteurs pour une personne psychologiquement affaiblit ne fait qu’augmenter sa souffrance.

Les récents changements de direction ont eu pour seul but de « remanier » et « restructurer » les établissements tel des gestionnaires calculatrice en main dénués de la fibre sociale. Comment s’y prend-on ? En renouvelant les équipes en poussant vers la sortie les salarié-e-s qui ne collent pas au nouveau modèle de la nouvelle direction puis embaucher de nouveaux salarié-e-s en contrat précaires qui n’osent s’organiser de peur de n’être pas renouvelés. Nous ne sommes plus dans un schéma de co-construction mais dans un modèle pyramidal qui cherche la plupart du temps à individualiser les salarié-e-s et diviser les équipes.

Les lignes directives collant aux objectifs dictés par les financeurs sont imposées par la direction et ne correspondent pas nécessairement besoins des usagers et des recommandations des salarié-e-s de terrain. Les moyens financiers et humains manquent cruellement. Les hiérarchies et financeurs, pour la plupart, ne connaissent pas nos métiers et nos tâches mais c’est pourtant eux qui organisent et pensent notre travail avec comme priorité les objectifs financiers et sans véritable concertation.

Cette nouvelle organisation du travail qui se généralise ne nous permet pas d’accomplir nos missions comme nous l’entendons. Nous nous battons tous les jours contre ce système, nous nous épuisons et à cela au détriment parfois des usagers ou des patient-e-s. Nous sommes animé-e-s par la passion de nos métiers respectifs mais malheureusement dans ces conditions nous déplorons parfois une perte de sens dans notre travail pourtant si essentiel à la société.

Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous subissent des pressions, culpabilisent et perdent confiance en eux. Des situations qui entraînent souvent des angoisses, insomnies qui peuvent aboutir sur des arrêts de travail long et douloureux et à des burn-out et/ou dépression. Bref, une spirale infernale et destructrice qui fait plonger vers le bas.

Nous avons souvent peur de perdre notre travail et de ne pas en retrouver dans ce secteur en crise. Les contrats proposés sont de plus en plus courts et précaires, les salaires sont à minima, on nous demande toujours plus de flexibilité pour faire face aux besoins de service (nombreux arrêts de travail non replacés, manque d’effectif, absences…).

Des situations de stress voire de détresse pour certain-e-s d’entre nous qui ont d’énormes impact sur notre vie privée et notre santé physique et psychique.

Comment dans une telle fragilité dans un tel mal-être pouvons-nous aider comme il se doit nos usagers ou patient-e-s ? Cette situation constitue pourtant un terrain propice à commettre des erreurs ce qui dans certains cas peut s’avérer dangereux. Ils ont besoin de nous et dans les meilleures conditions possibles.

Pour rappel, nous nous occupons ou assistons des personnes malades, dépendantes, avec un besoin d’accompagnement élevé, des personnes dans des conditions précaires, des jeunes, des personnes âgées… Et les besoins ne cessent de s’accroîtrent avec une population vieillissante et une politique sociale de plus en plus offensive contre les plus fragiles. Bref, ils n’ont pas besoin de personnes affaiblies en face d’eux, bien au contraire ! Ils ont besoin de moyens et de dispositifs adaptés et à la hauteur de leurs besoins ainsi que  des personnes en capacité de remplir pleinement leurs missions.

Des questions nous viennent aussi à l’esprit : qui prend le relais lors de fermeture de postes, de permanences, de lits ou de structures ? On se souvient bien-sûr de la fermeture de Labo APSP et du LRA.

Aujourd’hui nous interpellons les président-e-s d’association, les conseils d’administrations et les directions : le management financier et intimidateur cause des ravages sur la santé des salarié-e-s et sur le service que nous devons rendre ! Il faut replacer l’humain au centre des préoccupations, c’est pour cela que nous avons choisi nos métiers et que nous nous levons tous les matins !

 Nous interpellons aussi les institutions publiques : mairies, département, région et l’Agence Régionale de Santé financeurs de nos structures. Nous disons STOP ! Nous avons besoin de justes finances qui correspondent aux vrais besoins !

Nous nous adressons particulièrement au Département qui a en charge aujourd’hui la compétence sociale et à l’Agglo qui pourrait la gérer demain : nous avons besoin d’une politique sociale à la hauteur des besoins sociétaux basée sur la solidarité et l’humain !

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