La sélection comme réponse à un système défaillant
Communiqué de LAB Hezkuntza sur la réforme du lycée et la réforme de l'accès à l'enseignement supérieur
Sous prétexte d'éviter un tirage au sort effectivement détestable, Parcoursup remplace la plateforme APB et s'avère pire encore ! Véritable usine à gaz complexe, préparée à la va-vite et imposée à l'ensemble de la communauté avant même son adoption aux parlements ! C'est une tactique particulièrement prisée par les gouvernants que d'assener des réformes à un rythme soutenu pour ne pas laisser le temps d'analyser et de faire des choix et qui ne visent pas le bénéfice et le bien-être de tous.tes. Alors que le Bac garantissait l’accès aux études supérieures, il ne sera plus le seul critère retenu pour être admis à la fac. Des remises à niveau, des orientations forcées et des critères d’entrée (« attendus ») seront imposés. Critères peu transparents, pour la définition desquels chaque université aura toute latitude.
Des bachelier.e.s les moins bien classé.e.s pourront donc être refusés dans les filières « en tension », et elles sont de plus en plus nombreuses. Le but de la loi « d’orientation et de réussite » est de contenir le flux des bachelier.e.s qui veulent entrer à l'université ; ceci au lieu d'engager l’investissement nécessaire pour les accueillir et les faire réussir. Le gouvernement veut introduire la sélection à l’entrée en fac parce qu’il ne veut pas investir dans l'éducation pour tou.te.s. La réforme allège les finances publiques sur le dos des plus fragiles et creuse plus encore les inégalités.
Réforme du baccalauréat et du lycée : l'inégalité des chances institutionnalisée La réforme de l'accès à l'université est "cohérente" avec celle du bac et du lycée modulaire (à la carte, sur le modèle ultra-libéral anglo-saxon). Au lycée, le gouvernement veut supprimer les différentes filières (L, ES et S). Les lycéens devraient choisir deux matières « majeures » et deux « mineures » pour démultiplier des parcours (constitués de modules) étroitement corrélés aux « attendus » des universités. Il s'agit de pseudo-choix, guidés en fait par les déterminismes sociaux.
• Une spécialisation précoce est imposée qui risque de figer les destins scolaires très tôt et de laisser de côté socle commun et culture générale.
• La hiérarchisation et la concurrence sont officialisées entre les disciplines : les majeures « scientifiques » se distinguent des « non scientifiques » !!... Il y aurait des matières « majeures » et des disciplines « mineures » ?!! Sur quels critères ? Pour quels motifs ?
• Cette réforme, comme celle pour l'accès à l'université, est faite pour des raisons d'économies. La qualité de l'enseignement au lycée passe après les logiques budgétaires : réduction des épreuves et des options, réduction du nombre d'heures et du nombre de
postes, allongement et désorganisation du temps de travail (annualisation), surcroît de tâches administratives, prise en charge de missions autres que l'enseignement (orientation)...
• Qu'en sera-t-il des voies techniques et professionnelles déjà négligées et délaissées, menant à des spécialisations précoces et n'offrant aucune passerelle vers les filières du supérieur et un parcours d'études choisi ; la fac leur sera plus encore inaccessible.
• Les inégalités, qui existent déjà, vont se renforcer avec des filières plus élitistes et une offre différenciée d’un lycée à un autre, d'une zone géographique à une autre. La hiérarchie entre les facs aussi sera accentuée : « excellence » contre « tout venant ». En écartant des lycéen.ne.s de certaines filières universitaires, on crée ainsi des établissements plus ou moins cotés, des licences à différentes vitesses… et des voies de garage.
Des réformes de l'éducation en phase avec la logique du capitalisme néo-libéral Dans une économie soumise à la concurrence et face à des emplois de plus en plus précaires et instables, chaque lycéen.ne devient autoentrepreneur.e de son parcours scolaire, "acteur.trice de son orientation", puis de son employabilité. Il.elle doit « choisir » des disciplines afin de se composer un portefeuille de compétences lui donnant le bon profil, avec C.V. à l'appui - qui fera apparaître plus encore les fractures sociales : ceux. celles qui ont un BAFA, qui ont fait des séjours linguistiques, ..-, pour se faire recruter selon les exigences de l’université de son choix. Cela entre dans la logique de la société néo-libérale où c’est à vous de prouver en permanence que vous êtes apte et compétent.e, que vous « méritez » les ressources dont vous disposez et que vous êtes seul.e responsable de vos échecs et de vos réussites... Les réformes Blanquer-Vidal contribuent ainsi à fabriquer des jeunes dociles et soumis, future chair à patrons d'un système ultra-libéral qui nous exploite en nous culpabilisant...
S'ORGANISER POUR LUTTER !
Il n'est pas question d'accepter de telles réformes, qui ont avant tout pour finalité de diminuer le coût de l’éducation et qui vont se traduire par l’exclusion des étudiant.e.s les plus fragiles socialement. Les lycées et les universités doivent rester des espaces de débat, de réflexion, d'enrichissement culturel, libres et gratuits pour tous.tes, et non devenir les antichambres du marché du travail selon un point de vue purement utilitariste. Nous avons besoin d'une vision neuve de l'éducation, dont les premier.es concerné.e.s, lycéen.ne.s, étudiant.e.s, parents et professeurs seront partie prenante et décideront.
L'école de demain ne doit pas être pensée et imposée par des technocrates à la solde des puissants qui se fondent sur des logiques d'économies budgétaires et régressives. Bougeons-nous, rassemblons-nous, fédérons-nous pour inventer une éducation juste, émancipatrice et au service de tous.tes. LAB appelle les enseignant.e.s, les parents d'élèves, les étudiant.e.s et les lycéen.ne.s, à tenir ensemble des AG dans les lycées et les universités, pour s'informer, s'organiser et définir les modalités d'action les plus appropriées et efficaces possibles en vue d'amplifier la mobilisation.
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